Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/455

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rayons du soleil levant se jouaient à travers les couleurs variées des carreaux de la fenêtre. C’est vainement qu’ils brillent sur les murailles dorées et sur une magnifique tapisserie; c’est vainement qu’une somptueuse collation est servie par des suivantes empressées; le luxe du banquet, la richesse de l’appartement ne peuvent fixer son œil curieux : si elle regarde ce n’est que pour se dire que le jour commençait sous de plus heureux présages dans cette île solitaire, où la dépouille du chevreuil était le seul dais disposé au-dessus de sa tête, Elle se rappelait le temps où son noble père goûtait les simples mets préparés par elle; Lufra, rampant à ses pieds, réclamait sa place accoutumée avec une orgueilleuse jalousie; Douglas, toujours amoureux de là chasse, parlait du cerf à Malcolm Grœme, dont la réponse, faite au hasard, trahissait la secrète pensée. Ceux qui ont goûté ces plaisirs purs apprennent à les regretter quand ils les ont perdus. Biais tout à coup Hélène lève la tête, et s’approche de la fenêtre avec un pas prudent. Quelle est la mélodie lointaine qui a la vertu de la charmer dans cette heure de tristesse? C’est d’une tour située, au-dessus de l’appartement où elle se trouve, qu’un prisonnier chante cette romance.

XXIV.
LE LAI DU CHASSEUR PRISONNIER.

Mon faucon regrette la chasse :
J’entends murmurer mon limier;
Du repos mon coursier se lasse...
Plaignez le chasseur prisonnier!
Hélas! quand pourra-t-il encore,
Armé de l’arc et du carquois,
Aller, au lever de l’aurore,
Poursuivre le cerf dans les bois?

L'airain de ce clocher gothique
Marque pour moi tous les instans!
Par l’ombre de ce mur antique
Je compte encor les pas du temps!