Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/456

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Mais l’alouette matinale
Peut seule réjouir mon cœur :
Combien dans cette tour fatale
Les jours sont longs pour le chasseur!

Jours heureux, si courts dans la vie,
A jamais vous ai-je perdus!
Lieux embellis par mon amie!
Ne vous reverrai-je donc plus?
Quand du soir la douce rosée
Aux vallons rendait leur fraîcheur,
Hélène, acceptant mon trophée,
Souriait à l'heureux chasseur!

XXV.

Ce lai mélancolique était à peine fini, Hélène attentive n’avait pas encore tourné la tète, une larme brillait au bord de sa paupière, lorsqu’elle entendit le bruit d’un pas léger; c’était l’aimable chevalier de Snowdoun qui s’approchait d’elle. Hélène s’empressa de s’éloigner de la fenêtre, de peur que le prisonnier ne recommençât son chant.

— Oh! soyez le bienvenu, brave Fitz-James, dit-elle. Comment une pauvre orpheline pourra-t-elle s’acquitter envers vous ?... — Cessez ce langage, interrompit le chevalier ; ce n’est point à moi que votre reconnaissance est due; il ne m’appartient pas de vous accorder la faveur que vous désirez, et de conserver la vie de votre noble père; je ne puis qu’être votre guide, chère Hélène, pour implorer avec vous le roi d’Ecosse. Jacques n’est pas un tyran, quoique la colère et son orgueil blessé lui fassent oublier parfois son bon cœur. Venez, Hélène ; venez!.... Il est temps; le prince tient sa cour de bonne heure.

Le cœur ému et palpitant de crainte, Hélène prit le bras du chevalier comme celui d’un frère. Fitz-James essuya avec douceur les larmes de la fille de Douglas, et lui dit tout bas d’espérer et d’avoir bon courage. Il guida ses pas chancelans, à travers de riches galeries et sous de hautes arcades, jusqu’à un portique dont les deux battans s’ouvrirent aussitôt que sa main les eut touchés.