Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/470

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«Durant sa maladie, dont elle trespassa, jamais elle ne cessa : ainsi causa toujours; car elle estoit fort grande parleuse, brocardeuse, et très-bien et fort à propos , et très-belle avec cela.

« Quand l’beure de sa fin fui venue , elle fit venir à soy son valet ( ainsi que les filles de la cour en ont chacune un), qui s’appeloit Julien , et sçavoit très-bien jouer du violon : Julien, luy dit-elle, prenez votre violon, et sonnez-moy toujours, jusqu’à ce que vous me voyiez morte (car je m’y en vais), la défaite des Suisses , et le mieux que vous pourrez ; et, quand vous serez sur le mot Tout est perdu, sonnez-le par quatre ou cinq fois le plus piteusement que vous pourrez. — Ce que fit l’autre, et elle-même luy aidoit de la voix ; et quand ce vint, Tout est perdu, elle le réitéra par deux fois, et, se tournant de l’autre costé du chevet, elle dit à ses compagnes : — Tout est perdu à ce coup, et à bon escient. — Et ainsi décéda. Voilà une morte joyeuse et plaisante. Je tiens ce conte de deux de ses compagnes, dignes de foy, qui virent jouer ce mystère, » ( Œuvres de Brantôme, III, 507. )

L’air que cette dame choisit pour faire sa sortie de ce monde fut composé sur la défaite des Suisses à Marignan. Le refrain est cité par Panurge dans Rabelais, et se compose de ces mois, qui sont une imitation du jargon des Suisses, avec un mélange de français et d’allemand :

Tout est velore,
La tintelore :
Tout est velore, bigot!

Note 5. — Paragraphe xv.

Un combat qui eut lieu dans le défilé des Trosachs, sous Cromwell, fut célèbre par le courage d’une héroïne qui m’a fourni le trait de la veuve de Duncan : elle s’appelait, Hélène-Stuart.

Note 6. — Paragraphe xxviii.

William de Worceser, qui écrivait au milieu du quinzième siècle, appelle Stirling le château Snowdoun.

Le véritable nom que prenait Jacques dans ses excursions était celui du fermier de Ballanguish[1]; j’ai préféré y substituer celui de chevalier de Snowdoun, comme plus propre à la poésie, et parce que l’autre aurait annoncé trop tôt le dénouement à plusieurs de mes compatriotes qui sont familiers avec toutes les traditions que je viens de citer.

FIN
  1. Batianguish est le nom d’un sentier escarpé qui conduit au château de Stirling.