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LA RECHERCHE DU BONHEUR

harassé reprit soudain la parole pour leur apprendre à demi mot qu’il allait récompenser leurs peines inutiles avec le cimeterre ou avec le cordon : il n’en fallut pas davantage, je vous proteste, pour faire déguerpir ces vénérables docteurs.

vi

Alors le conseil fut convoqué : l’affaire y fut jugée épineuse et délicate, et chacun voulut en décharger ses épaules. Aussi, d’après l’avis général, des Tartares et des courriers furent expédiés en toute hâte pour réunir une espèce de parlement oriental des chefs ſeudataires et des francs-tenanciers ; les Persans ont encore aujourd’hui de ces assemblées que mon brave Malcolm appelle Couroultai[1] Je ne suis pas préparé dans ce léger poème à vous montrer qu’il y avait à Serendib ces mêmes formes de gouvernement ; — que les érudits cherchent donc et me disent si j’ai tort.

vii.

Les Omrahs[2], la main sur leur cimeterre, votèrent tous pour la guerre comme Sempronius.

— Le glaive du sultan, dirent-ils, a trop long-temps dormi dans son fourreau loin du théâtre de la mort ; que le tambourgi fasse entendre son signal, que les bruyantes cymbales retentissent, que le cri des batailles s’élève ! Le sombre nuage qui trouble les beaux jours de notre souverain sera dissipé quand il verra voltiger notre cavalerie, et que l’éléphant, armé de sa tour, ébranlera la terre. Tout noble cœur languit de répondre à l’appel de la gloire, et pour ce qui est des impôts, — voilà, Sire, vos fidèles communes.

Les riots écoutaient de leurs places (dans la langue de Serendib les fermiers s’appellent riots) ; ils se regardèrent tristement les uns les autres, augurant, d’une pareille harangue, beaucoup de tracasseries, avec double cotisation

  1. Voyez l’admirable Histoire de la Perse, par sir John Malcom.
  2. La noblesse.