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LA RECHERCHE

de billets de fourrages et de logemens. Craignant ces choses-là autant que les Chinois redoutent les Tartares, ou les rats les chats, chacun d’eux fouilla dans sa poche d’un air gauche.

viii

Vint ensuite le vénérable collège des prêtres. On y voyait têtes chauves, barbes blanches, turbans, verts, imans, mollahs de tous rangs, santons, fakirs et calendars. Leurs motions furent diverses. Les uns conseillaient de faire construire une mosquée à laquelle seraient attachés des revenus considérables, avec de riches jardins et de jolis kiosques, pour en gratifier une troupe choisie de prêtres ; d’autres opinaient pour distribuer dans l’empire un don gratuit aux hommes pieux, dont les prières rendraient au sultan la santé du corps et celle de l’âme. Mais le chef des ecclésiastiques musulmans, le sheikh Ul-Sofit, discuta plus clairement la chose.

— Ton esprit studieux, ô prince, dit-il, a épaissi tout ton sang et appesanti ton cerveau par un travail trop assidu ; donne-toi donc quelque relâche et prends des distractions ; caresse tes odalisques ou compte ton trésor ; délivre-toi de tous les soins de l’État, ô mon souverain, et daigne en confier le fardeau à ton fidèle clergé.

ix.

Ces sages conseils ne menèrent à rien ; et le malade (comme cela n’est pas rare quand de graves docteurs ont perdu avec lui leur temps et leur latin) résolut de demander avis à une vieille femme ; c’était sa mère, dame qui avait été belle, et qui était encore appelée belle par tous ses sujets soumis. Or, soit que Fatime fût sérieusement un peu nécromancienne ou seulement le fît croire, c’est ce que je ne saurais dire, elle prétendait guérir des plus cruelles maladies avec des amulettes ou des chants magiques : quand toute autre science était épuisée, c’était alors qu’elle croyait à propos de faire usage de la sienne.