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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/166

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prétendue colère qui l’agitait tout à l’heure, et, dans sa terreur et sa confusion, sa main tremble comme la branche mobile du saule. Denzil lui semble un conseiller utile dans l’embarras où il se trouve, et il affecte de sourire en lui faisant part de ce qui cause sa peine.

xi.

— Nous sommes dans un siècle de prodiges, dit-il, et les morts ressuscitent pour nous étonner ! Mortham… que tout le monde croyait avoir été victime de ses propres trahisons, Mortham tué par un bandit qu’il avait amené des climats lointains, exprès pour m’assassiner, Mortham est encore en vie. Son lâche meurtrier n’a atteint que son cheval, sans blesser le cavalier…

Bertram tressaille, et marche à grands pas dans la caverne, en proférant une horrible malédiction. Perfide, dit-il, ta tête ou ton cœur seront un but plus facile à atteindre.

Il se rassied à ces mots, et fait signe au pâle Edmond de poursuivre son récit.

— Denzil, ajouta Wycliffe, remarque avec quelles expressions de délire Mortham m’écrit :

« Toi qui tiens dans tes mains la destinée de Mortham, apprends que ta victime vit encore pour toi ! Hélas ! Mortham eut jadis tout ce qui attache à la vie un fils chéri, une épouse plus chère encore… La fortune, la gloire et l’amitié le rendaient le plus heureux des hommes. Tu ne dis qu’une parole, et tout fut perdu pour lui !… Eh bien, voici comment il reconnaît ta cruauté… Il te cède ses titres et ses biens, à une seule condition… rends-lui son fils. S’exilant de sa terre natale, Mortham jure de ne plus y reparaître pour réclamer ses biens, ses titres et son nom. Refuse de le satisfaire, et tu verras Mortham sortir soudain du tombeau… »

xii.

— En lisant cette lettre, le châtelain laissait percer sa crainte dans l’accent de sa voix. — Il passa sa main sur son