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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/225

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CHANT TROISIÈME.

i.

Que Bewcastle garde son château ; que les coursiers de Speir-Adam demeurent dans leur étable, et que les hardis archers de Hartley-Burn se contentent de lancer leurs traits du haut de leurs remparts. Les guerriers de Liddesdale peuvent armer leurs talons de l’éperon, ceux de Teviot ceindre le glaive, Tarras et Ewes faire leurs excursions nocturnes, et l’Eskdale ravager le Cumberland. Les habitans des frontières exposées au pillage n’ont plus de représailles à exercer, car il leur manque l’épée du brave De Vaux ; ils ne reçoivent aucun secours de Trier-main : ce seigneur, cherchant une périlleuse aventure, est parti seul, et nuit et jour il veille dans la vallée de Saint-Jean.

ii.

Quand il commença la première veille, la lune avait déjà marqué douze nuits de l’été ; elle brillait dans son plein ; suspendue à la voûte azurée du ciel, elle laissait tomber ses molles clartés sur les ruisseaux, la montagne et le vallon. Étendu sur la bruyère qui revêt les flancs de la colline, sir Roland contemplait la vallée, mais surtout ce groupe de rochers sur le sommet desquels, selon le récit du vieux Lyulph, était la demeure de la beauté délaissée.

Les rayons de l’astre des nuits se brisaient contre son armure étincelante, et leurs tremblans reflets se jouaient sur l’acier arrondi de son bouclier, déposé à côté de lui, comme sur le cristal d’une onde paisible.

iii.

Il continuait de veiller, et plusieurs fois, quand la lune éclairait l’éminence enchantée, il lui semblait la voir changer tout-à-coup d’aspect, comme si les rochers allaient se transformer en murailles surmontées de tourelles. Mais