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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/226

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à peine son cœur palpitait-il d’espoir, que s’évanouissait l’illusion vaine qu’avait conçue son imagination inquiète, et impatiente d’être abusée. Tout ce qu’il croyait voir n’était qu’une création trompeuse, semblable à celles qui, dans un château solitaire, abusent les yeux, lorsque, contemplant d’un air rêveur les tisons à demi éteints du foyer, nous découvrons dans la flamme rougeâtre, des clochers, des tours et des créneaux.

A la lumière de la lune comme celle du soleil, à la première lueur de l’aurore comme à celle de l’étoile du soir, dans toutes les saisons et à toutes le heures, par le brouillard, le soleil ou la pluie, les rochers restaient dans le même état.

iv.

Souvent De Vaux parcourt l’éminence enchantée, gravit son sommet ou en fait le tour : tout ce qu’il peut découvrir, c’est que le groupe informe de ces masses, aperçu de loin, ressemble à une forteresse.

Cependant le guerrier dort rarement ; ne prend qu’un repas frugal et ne boit que l’eau de la source ; il se promène tout le jour sur la colline, et quand la bise du soir refroidit l’air, il cherche un asile dans une grotte rocailleuse ; tel qu’un pauvre ermite, il y répète son rosaire, son ave, son credo, et invoque tous les saints pour qu’ils daignent rompre le charme qui s’oppose à ses audacieux projets.

v.

Mais la lune a caché son disque réduit à un fil argenté qui flotte obscurément au milieu du ciel pendant que les nuages de la nuit, poursuivis par le vent des orages, passent avec rapidité sur son pâle croissant. Le ruisseau gronde et fuit impétueux, car la pluie a grossi les sources des montagnes qui vomissent des torrens : le tonnerre mugit dans le lointain, et souvent l’éclair traverse la vallée avec ses flammes bleuâtres. De Vaux s’était retiré dans la grotte (aucun mortel n’eût osé braver l’orage) ; il livrait