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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/239

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vins ; tu seras témoin de nos danses jusqu’à ce que le plaisir cède à la langueur, et le jour à la nuit.

— Celle que tu aimeras le mieux te répétera l’air le plus doux, préparera ton lit de mousse, veillera à tes côtés, et soutiendra ta tête jusqu’à ce que la nuit ait fui devant le jour… Aimable guerrier, veux-tu encore davantage ? elle sera l’esclave de l’amour et la tienne.

xxxii.

Oh ! ne blâmez pas trop sévèrement le héros de mes vers ! Il n’avait ni le temps ni le cœur de prendre un air stoïque ou de refuser franchement. Entouré de cette troupe de syrènes, il donne un baiser à celle qui lui sourit, serre la main d’une autre, leur parle à toutes avec douceur, mais s’échappe de leur cercle magique.

— Aimables beautés, dit-il, adieu, adieu ; mon destin et ma fortune m’appellent.

Il dit, et disparaît à leurs yeux ; mais en s’éloignant il entendit leurs dernières paroles :

— Fleur de courtoisie, adieu ; va dans ce lieu où le cœur palpite d’une émotion pure, et où la vertu sanctifie l’amour.

xxxiii.

De Vaux s’est éloigné sous des voûtes ruinées, dans des sentiers obscurs et tortueux dont il ne voit point l’issue, et qui deviennent plus embarrassés à chaque pas qu’il fait. Au lieu des rayons joyeux du soleil et de l’air vital, s’élèvent de noires vapeurs qu’éclairent les sinistres lueurs d’une flamme souterraine, comme pour lui découvrir les fossés profonds et les lacs d’une onde bourbeuse qui l’environnent, mais sans lui indiquer le moyen d’éviter les dangers dont il est menacé. Ah ! combien Roland eût préféré avoir à combattre les tigres, plutôt que de se trouver au milieu de ces scènes de désespoir et d’un nuage étouffant d’air empesté. On prétend même, et ce sont des bardes véridiques, on prétend que sa situation lui parut si périlleuse, qu’il regrettait de ne s’être point arête dans