Page:Oeuvres de madame Olympe de Gouges.pdf/471

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plaît, qui ſéduit, qui entraîne. D’autres tems, d’autres mœurs & d’autres goûts. La Scène a varié ſouvent. Il lui falloit un genre neuf ; mais ſur un calembourg, ſur un jeu de mots, faire un ouvrage conſéquent & profond, cela n’appartient qu’à l’homme indéfiniſſable que je maltraite à juſte titre, & que je loue de même. C’eſt avoir aſſez fatigué mon Lecteur d’épiſodes nuiſibles au but de ma Préface, c’eſt de mon Philoſophe corrigé ou du Cocu ſuppoſé que je voulois l’entretenir ; mais je n’ai que le tems de lui recommander Zamor & Mirza qui touche au moment de ſa repréſentation.

Ô mères ſenſibles ! accourez à cette Pièce, que votre tendreſſe maternelle & vos larmes écartent la tempête qui s’élève ſur elle. Déja le ſerpent de l’envie forme l’armée des ſifflets les plus redoutables & les plus aguerris de Paris. Il appelle à ſon ſecours tous les chefs de cabale. « Mes amis, leur dit-il, tremblez, redoutez ce jour. Si vous n’abattez cette tête, elle vous ſera funeſte. Voyez avec quelle fermeté elle vous attaque ; on diroit qu’elle a pour elle ce parti puiſſant, ces hommes de Lettres dont le goût & les lumières aſſurent le ſuccès des ouvrages qu’ils eſtiment ; leur ſuffrage n’eſt jamais équivoque, parce que leur opinion n’eſt jamais guidée que par la juſtice. Si c’eſt ainſi, elle eſt ſûre de ſon triomphe ; il faut donc par nos exploits proſcrire cet Ouvrage avant ſa repréſentation, faire voler de bouche en bouche le mauvais goût, infecter les cœurs de notre fiel, bouleverſer les eſprits, les prévenir contre ce Drame. Qu’il ſoit condamné même avant le lever du rideau. Si parmi vous