Page:Oeuvres de madame Olympe de Gouges.pdf/485

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que je mène, on riroit à mes dépens ; on me prendrait pour un fou… Mais, que m’importe l’opinion d’autrui ? Je jouis, je ſuis heureux, & mon bonheur n’eſt point idéal. Ah ! je n’ai que le regret qu’il ait ceſſé ſitôt… Mais on m’annonce par la dernière lettre que je ne ſerai pas long tems ſans revoir mon aimable inconnue… allons me préſenter à mon épouſe… La contrainte ne me convient pas… (Il va pour ſortir & apperçoit Blaiſe.) Je vois là mon Jardinier : ſachons par lui ce qu’on penſe de moi au Château. Il eſt plaiſant, quoique ſimple ; il m’amuſera un inſtant… Hola, Blaiſe : viens me parler.




SCÈNE III.


LE MARQUIS, BLAISE.


Blaise, avec empreſſement.

Par la Sanguienne, Monſieur le Marquis vous tombais ici comme des nues. Seriez-vous arrivé par un ballon ; comme j’en avons déjà vus ?

Le Marquis.

Non, mon garçon ; j’ai laiſſé ma chaiſe au bout de l’avenue, pour avoir le plaiſir de traverſer le parc à pied.

Blaise.

Ah ! C’eſt bien fait, M’ſſieux le Marquis ; il vaut mieux marcher tout gentiment par terre que de courir avec fracas dans un pays où l’on ne