Page:Ohnet - L’Âme de Pierre, Ollendorff, 1890.djvu/109

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oreilles en argent pour Marietta, et une agrafe de ceinture pour la mère. Il déjeuna gaiement, et se disposait à travailler, quand le curé entra, en poussant la porte à claire-voie de la salle.

— Eh ! c’est monsieur le curé ! s’écria Pierre. Qui nous vaut le plaisir de vous voir ?

— Une communication dont on m’a chargé pour vous.

— Ah ! Qui donc ça ?

— Un étranger.

Le front de Pierre se rembrunit et, d’une voix un peu tremblante, il dit :

— Voyons un peu de quoi il s’agit ?

— Si vous vouliez me suivre jusqu’à l’église, vous te sauriez plus vite et plus complètement.

— Je suis à vous.

Il prit son chapeau et sortit avec le prêtre. Pendant la moitié du trajet, il ne prononça pas une parole. Comme ils approchaient de la grande place, le curé lui dit :

— Cet étranger a vu vos peintures, et m’a assuré que vous aviez enrichi notre église d’un tableau dont la valeur est inestimable.

Pierre ne répondit pas, mais il secoua la tête avec insouciance. Il hâta sa marche, comme pressé d’apprendre à qui il avait affaire. Il traversa la nef, arriva à sa Résurrection, et, avec une émotion qu’il ne pouvait contenir, sur le mur il lut l’inscription latine : Et idem resurrexit Petrus… Davidoff… Il poussa un soupir, répéta d’une voix étouffée : Davidoff… et resta pensif.

Le curé, traduisant la phrase latine, dit derrière lui :

— Et, de même, Pierre est ressuscité… Il y a donc eu intervention divine ? Mon cher enfant, il faut en louer Dieu…