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XI
PRÉFACE DU TRADUCTEUR

lents méandres de l’office divin : selon qu’ils appartiennent au cycle du Rig-Véda, du Yajur-Véda ou du Sāma-Véda, ils prescrivent, à l’usage de chacune des catégories de prêtres officiants, les récitations, les manipulations et les chants qui s’y succèdent et s’y entrelacent ; et, grâce à eux, le culte de l’Inde antique nous est sans comparaison plus accessible, jusque dans ses plus minutieux détails, que celui d’aucune autre nation de l’antiquité, sans en excepter le peuple d’Israël. On les distingue en Çrauta-Sūtras, « manuels doctrinaux », qui décrivent les grands offices desservis par un chœur de prêtres aux fonctions variées, et Gṛhya-Sūtras, « manuels domestiques », relatifs aux menues cérémonies qui se célèbrent soir et matin, aux lunaisons, à d’autres époques fixes, ou dans des occurrences extraordinaires, au sein de chaque famille ou sacerdotale ou laïque[1]. Les uns et les autres, à la différence des Brāhmaṇas, sont fort courts, mais gros de choses ; car ils sont écrits en un style sui generis, si concis, si économe des mots, si télégraphique, oserai-je dire, qu’ils nous seraient demeurés absolument inintelligibles sans le secours des abondants commentaires qui les accompagnent d’ordinaire, et qu’avec cet adjuvant même ils ne laissent pas de présenter parfois de sérieuses difficultés[2]

  1. Les Sūtras auxquels se réfère le plus souvent M. O. sont classés suivant les écoles : 1o pour le R. V., Açvalāyana (Çrauta et Gṛhya), et Çāṅkhāyana (Çr. et Gṛ.) ; 2o pour le Y. V. Blanc, Kātyāyana (Çr.) et Pāraskara (Gṛ.) ; 3o pour le Y. V. Noir, Āpastamba. (Çr.) et Hiraṇyakēçin (Gṛ.) ; 4o pour le Sāma-Véda, Lāṭyāyana (Çr.) et Gōbhila (Gṛ.) ; 5o pour l’A. V., Kauçika, important manuel de magie. On reconnaîtra sans peine les abréviations de ces divers titres, ainsi que le sigle « Dh. » qui désigne les traités de morale (Dharmusūtra, Dharmaçâstra). Les autres ouvrages sont généralement cités sans abréviation.
  2. À ceux qui seraient curieux d’un spécimen de cette mnémotechnie étrange et raffinée, je signale l’excellente traduction du cha-