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PRÉFACE DU TRADUCTEUR

sur laquelle l’exégète brode pour les initiés ses explications ésotériques et mystiques : il s’agit, tel rite étant donné, d’en déterminer l’origine et le sens profond ; et, comme rien n’est plus étranger aux écoles de brahmanes que la méthode historique, leurs développements artificiels — on le conçoit sans peine — nous renseignent infiniment plus sur leur propre psychologie que sur la nature réelle des dogmes et des pratiques qu’ils sont censés éclaircir. Ce n’est point à dire que cette psychologie soit négligeable : elle aussi fait partie intégrante de la longue lignée intellectuelle qui relie le védisme au bouddhisme ; et d’ailleurs il y a presque toujours un grain de vérité à dégager de la verbeuse abondance des commentaires. Mais, comme ils font un choix entre les rites, ne mettent en relief que les plus importants, et ne les décrivent que par voie de brève allusion, nous serions, si nous ne possédions que les Brāhmaṇas, fort empêchés de retracer l’ordre et la marche de la moindre ou de la plus haute des nombreuses cérémonies du culte védique[1].

Heureusement les Sūtras comblent la lacune. Composés à une époque plus tardive, où peut-être la mémoire était devenue plus rebelle, où en tout cas la complexité croissante et véritablement terrifiante du rituel risquait de la trop surcharger, ils suivent pas à pas les

  1. Les Brāhmaṇas qu’on trouvera le plus souvent cités dans cet ouvrage sont : le Çatapatha-Brāhmaṇa, texte détaché du Yajur-Véda Blanc ; et l’Aitarēya-Brāhmaṇa, qui appartient au cycle du Rig-Véda. Les deux recensions du Yajur-Véda Noir sont à elles-mêmes leurs propres Brāhmaṇas, c’est-à-dire que vers, formules liturgiques et texte explicatif y figurent pêle-mêle ; toutefois la compilation des Taittirīyas comprend de surcroît un Brāhmaṇa et un Āraṇyaka, auxquels l’auteur a fait quelques emprunts, ainsi qu’au Pañcaviṃça-Br., qui se rattache à une école du Sāma-Véda. Il n’y a rien à tirer de l’unique Brāhmaṇa de l’A. V.