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LA VILLE ENCHANTÉE

yeux les uns des autres chacun lisait sa propre détresse. Les femmes s’étaient assises en pleurant sur les pierres de la route ou sur le gazon. Gagnés à leur désolation, les petits se mirent à pleurer avec elles. Qu’allions-nous devenir ? Désespéré, je parcourais du regard cette foule. Des vivres, un abri, un mot d’ordre, c’est à moi qu’ils allaient avoir recours pour tous leurs besoins, à moi, chassé comme eux de ma maison et de ma ville, mais qui n’avais plus le droit de songer à ma propre personne. Par bonheur j’avais eu soin de mettre, dans la poche de mon pardessus, mon écharpe municipale ; je m’écartai derrière un arbre pour m’en revêtir. C’était quelque chose. Quoi qu’il arrivât, il y aurait là du moins, au milieu de ces bannis, un représentant de l’ordre et de la loi. Le geste ne passa pas