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LA VILLE ENCHANTÉE

gros cierge pour l’autel de la Vierge et de rendre aux religieuses…

— Va-t’en au diable avec tes religieuses », lui répondis-je, emporté. J’avais tort, j’en conviens, car ce sont de saintes femmes et qui n’ont rien de commun avec ce vaurien. Et dire pourtant que ce vaurien que je méprise, je l’accueillais tantôt avec transport, parce qu’il me sauvait des chères âmes qui m’aiment. Honte sur moi ! je suis comme les autres. L’Invisible me fait peur ; je n’aime, je ne comprends que ce que je touche. Jacques s’était éloigné, sans pourtant me perdre de vue. Je tournai mes regards vers la ville. La rivière scintillait blanche sous la lune ; on aurait dit qu’elle faisait effort pour rompre le barrage de ténèbres qui la séparait de Semur. Et là, derrière, sous le ciel plein d’étoiles, dormait notre