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LA VILLE ENCHANTÉE

tant et si bien que l’invisible m’était devenu aussi naturel que le visible. Parfois un vague désir me revenait de leur poser des questions précises : « D’où venez-vous ? quelle est votre vie ? qu’êtes-vous venus faire ici ? » Mais ils n’auraient pas pris garde à de telles questions, et puis je dois dire que moi-même elles me passionnaient de moins en moins. Je n’avais plus qu’un seul désir, celui auquel tous les cœurs autour de moi étaient suspendus : « Ah ! si vous pouviez enfin entendre ! Ah ! si vous pouviez comprendre ! » Ce désir nous absorbait tous, moi comme les autres, car maintenant, malgré l’extrême fatigue que mon pauvre corps éprouvait à les suivre, je ne voulais plus me séparer d’eux.

Un jour, ainsi conduit par cette foule, je me trouvai, monsieur le Maire, sur le pas