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LA VILLE ENCHANTÉE

La voix de M. le Curé, rompant soudain ce redoutable silence, me glaça de peur. Des spectres n’allaient-ils pas paraître, réveillés par cette interruption sacrilège ? « À quoi bon notre ambassade ? avait-il dit, nous sommes venus pour rien. » Pour rien, pour rien, ces deux mots, renvoyés par mille échos inconnus, retentissaient indéfiniment à nos oreilles. Tout courageux qu’il soit, M. le Curé tremblait comme moi. Instinctivement, nos mains se rapprochèrent et s’étreignirent. J’entendais les battements de son cœur, et il entendait les miens, sans doute. Nous reculâmes de quelques pas, mais pourtant face au danger.

J’avais les lèvres sèches et mes idées battaient la campagne. Cependant, mon silence me faisait honte. « Trop tard, dis-je, effrayé par ma propre voix, est-ce donc trop tard !