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LA VILLE ENCHANTÉE

respiration paisible de tout un peuple. Mais aujourd’hui rien de tout cela. Comment vous dire l’effet que produisaient sur nous les portes ouvertes de ces maisons désertées ? Ouvert, l’orgueilleux portail de l’hôtel de Bois-Sombre, si jalousement fermé d’ordinaire. Ouverte aussi, ma maison, et jusqu’à ces fenêtres que ma mère faisait toujours fermer de si bonne heure pour éviter le serein. Une sorte d’horreur me figeait sur le seuil de ma propre demeure, tombe désolée peut-être où gisaient des morts. Ouvertes enfin, les grandes et les petites portes de la cathédrale. Notre ville nous semblait immense, et personne, personne, pas une ombre, pas un bruit. Nous restâmes longtemps immobiles. Que faire ? Je n’avais même pas la force de dire une parole, malgré le flot de sentiments et de pensées qui m’accablait.