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LA VILLE ENCHANTÉE

lez-vous, elle n’avait laissé là-bas ni un fils, ni un mari. « Le bon Dieu fera ce qu’il voudra, répétait-elle pour nous consoler, et ce sera bien. » Évidemment, elle avait raison, mais enfin qui nous assurait qu’il ne plairait pas à Dieu de détruire notre ville, de nous ruiner toutes et peut-être de faire périr ceux que nous aimons ? « Ma sœur, lui répondais-je parfois avec un peu d’humeur, nous ne sommes pas des religieuses, nous autres, et nous tremblons pour les vies qui nous sont chères. » Mais rien ne l’aurait fait sortir de son calme. « Voilà soixante ans que je sers le bon Dieu, disait-elle, et il m’a tout enlevé. » Elle souriait en disant ces choses atroces. À moi du moins, Dieu n’a pas tout pris. Fallait-il maintenant pour que je devinsse sainte, qu’il m’enlevât ceux qui me restaient encore ? Et sœur Mariette