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LA VILLE ENCHANTÉE

une foule, mais nos yeux ne percevaient que les ténèbres et la ligne confuse de la route ; une foule qui nous assiégeait de si près qu’il était impossible de mettre quelque intervalle entre elle et nous. Mais qu’est-ce que je dis ? En vérité, il n’y avait personne, il n’y avait rien, pas une forme visible, pas un visage, rien que Lecamus et moi. Moment d’angoisse, je l’avoue. Ma langue était enchaînée, mon cœur battait à tout rompre, je ne respirais qu’à grand’peine. Me cramponnant à Lecamus, je me renfonçais désespérément contre le mur. Et cependant je ne tentais pas de me dégager, de fuir. Me dégager, fuir, comment l’aurais-je pu ? Ils étaient là, près de nous, souffle contre souffle. Ah ! vous allez dire que je suis fou d’employer de telles paroles. Car enfin, il n’y avait personne, pas même une ombre sur la route.