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LA VILLE ENCHANTÉE

rience sait que, dans les ténèbres et le silence, toute inquiétude devient obsession. Or la nuit était plus noire, les rues de Semur, ordinairement peu bruyantes, plus silencieuses que jamais. De temps en temps, quand mes pensées me donnaient un peu de relâche, je pouvais entendre la douce respiration de mon Agnès couchée dans la chambre voisine. Cela me remontait un peu, mais bientôt mes souvenirs m’étreignaient et me harcelaient de nouveau. Encore et encore la même vision se glissait sous mes paupières fermées : le brumeux ruban de route qui part de la porte Saint-Lambert, la double haie de buissons encore plus obscure, personne, personne, pas une ombre, pas une âme, et cependant, une foule ! Quand je cédais à l’envie de réfléchir sur le mystère, mon cœur sursautait dans ma poi-