Page:Olivier - Un sauvetage, 1938.pdf/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

UN SAUVETAGE


CHAPITRE PREMIER


— Viens-tu Germaine ?

— Tout de suite, Suzanne ; je prends ma raquette et me voici.

En disant ces mots, elle passa son bras sous le bras de son amie et elles partirent d’un bon pas.

Le soleil descendait derrière les collines et la chaleur était moins accablante. Après les dernières maisons, les jeunes filles découvrirent les courts de tennis entre le rivage et la lisière des bois. Deux jeunes gens qui s’y trouvaient déjà les saluèrent de loin avec de grands cris et quand elles furent arrivées, avec de vigoureuses poignées de mains.

La partie s’engagea. Les quatre joueurs, vêtus de blanc bondissaient pour attraper la balle et la renvoyer d’un revers de raquette. Le plus adroit semblait être Gilbert de Cerdon, un grand blond au coup d’œil précis, à la main sûre. Le second des jeunes gens n’avait pas son sang-froid précis. Il s’agitait, se démenait et manquait ses coups. C’était un garçon assez grand, lui aussi, nerveux, des épaules robustes, et dont les yeux d’un noir ardent éclairaient un visage presque basané. Ses cheveux bruns, naturellement ondulés, achevaient la ressemblance avec un Sud-Américain.

Quand il parlait de lui-même, il racontait son enfance dans les prairies. Il se représentait parcourant à cheval les immenses et riches plantations d’un oncle qu’il avait là-bas.

Mais, outre qu’il ne parlait pas souvent de lui-même, on lui trouvait, à la longue, à l’examiner de près, un air douteux, inquiétant, une physionomie un peu trouble d’aventurier qui vous engageait à n’accorder à ses paroles qu’une foi très limitée ; son nom d’ailleurs y aidait : José de Manaos.

À part cela, charmant garçon, beau parleur, élégant, trop peut-être, avec un peu, mais très peu, du bellâtre.

Leurs camarades de jeu étaient deux jeunes filles qu’une étroite amitié réunissait quoiqu’elles fussent assez différentes de caractère et totalement différentes de physionomie.