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dans leur retraite, vêtu l’habit de brahmane, et, comme les anachorètes, c’est à l’aumône qu’ils demandaient leur subsistance quotidienne[1].

Les cinq frères, en habit de brahmane, se rendirent ensemble à la fête de Swayamvara de Draâupadi. Ardjouna, vainqueur au concours, reçut en prime la belle princesse, heureuse d’ailleurs de lui appartenir, et le soir même de la fête, tous ensemble, et malgré de dramatiques incidents, hâtèrent leur retour vers l’habitation de la forêt.

Arrivés à la maison et déjà sur le seuil de la porte, deux des princes annoncèrent Draâupadi en ces termes : « Mère, voici l’aumône ! » Kounti, alors occupée dans l’intérieur de la maison, répondit sans regarder : « Partagez-la également entre vous. » Puis, en voyant Draâupadi, Kounti, confuse de sa méprise, s’écria : « Quelle affreuse parole j’ai proférée ! »

Mais cette parole ne put être retirée. Draâupadi dut être donnée pour femme aux cinq frères[2], et les exemples à suivre en pareil cas ne firent point défaut.

« Youdhishthira fit observer que, dans les temps antérieurs, Gaâutami, la plus vertueuse entre les femmes vertueuses, épousa sept Rishis[3], et qu’une dryade, fille d’un solitaire, s’unit à dix frères appelés d’un nom commun les Pratchètasas[4]. »

Appuyés des légendes et des préceptes que, de son côté, fit intervenir le Brahmane saint et sacré Divaïpayana, ces exemples décidèrent du sort de Draâupadi et légitimèrent sa

  1. Le vêtement des anachorètes était fait d’un grossier tissu d’écorce. Ce vêtement couvrait l’épaule gauche et venait s’agrafer sous le bras droit. C’était là l’Outtara-Sânghati, vêtement de dessus, le manteau. La Sânghati était une sorte de blouse serrée à la taille et descendant jusqu’aux genoux. Il y avait enfin un autre vêtement de dessous, l’Antara-Vasaka, sorte de chemise dont on s’enveloppait pour dormir.

    Le panier et la bêche complétaient le costume. L’anachorète devait vivre d’aumônes et de racines.

  2. Le Mahâbhârata caractérise Krichnâ Draâupadi d’un mot plein de force, d’élégance et d’originalité ; il la nomme, après son union avec les cinq frères : « Le cœur visible des Pandavas ».
  3. Mahâbhârata Adi-parva, slokas 7264, 7265.
  4. Même poème, sloka 7266.