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le voisinage de Maindu, se trouve, au fond d’une crique, le village de Mima-Schun-Rua, c’est-à-dire le village des filles publiques, qu’habitent seules et que doivent habiter, par ordre, les femmes prostituées[1].

Au Cambodge, ce sont les hommes qui se prostituent aux hommes. « Chaque jour ils vont en troupes de plusieurs dizaines dans les marchés et sur les places, sollicitant de honteuses caresses. » Ils portent une dénomination flétrissante.

En Chine, les filles publiques sont reléguées dans les faubourgs ou sur des bateaux[2].

Enfin au Tonkin, l’adultère, cette prostitution de la foi jurée et du corps, est puni d’une mort barbare.

Ainsi donc partout, en Asie comme en Europe, la prostitution est une pratique vile et reconnue dégradante, et il n’y a pour elle de merci nulle part.

X

Ce n’est pas à dire pourtant que les mœurs des pays asiatiques soient l’exacte et fidèle représentation des mœurs de l’Europe ; il y a des nuances, et des nuances très accentuées, qui distinguent les mœurs des deux contrées, et il est certain que dans leurs expressions journalières les mœurs sociales de l’Asie offrent, à l’encontre de nos mœurs et de nos habitudes européennes, des disparates bien faites pour nous étonner et aussi des apparences capables de nous induire en erreur, au jour où nous en sommes les témoins insuffisamment préparés.

Les relations de voyages des Européens en Asie, surtout dans l’Asie centrale, abondent en confidences de ce genre.

Mais, pour témoigner de la rigoureuse justesse de cette observation et pour en faire, pour ainsi dire, la démonstration authentique, il suffira, je pense, de citations empruntées aux relations de voyageurs officiels et bien connus.

  1. Michel Symes, Relation de l’ambassade anglaise dans le royaume d’Ava, t. II, chap. ii, p. 15-16.
  2. De Guignes, Voyages à Pe-King, etc., t. III, p. 107.