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En même temps que ces anecdotes expliqueront la position embarrassée où s’est un instant vu poussé M. de Ujfalvy par l’insistance obséquieuse d’une personne dont il avait reçu les soins au Kachmir, elles infirmeront l’impression fâcheuse qu’il a pu en éprouver.

Nous allons voir combien aux pays asiatiques peuvent, et quelquefois même doivent être grands l’abandon et l’empressement d’une honnête femme vis-à-vis d’un galant homme, sans que la situation de cette femme en soit compromise, sans que la considération qui l’entoure en doive être affectée.

Deux officiers de l’armée anglaise du Bengale, MM. Christie et Henry Pottinger, sont envoyés, en 1810, par le gouverneur de l’Inde en mission en Perse. Ils ont traversé l’Indus, parcouru le Sindhy, ils sont à Kélat. Là, malgré le soin qu’ils ont pris de se vêtir du costume régional, ils sont jugés être des Européens, on les croit médecins ; ils sont appelés chez le gouverneur dont les enfants sont malades. Le lendemain, allant par la ville, ils sont rencontrés par les femmes du gouverneur, qui les suivent avec insistance en les interpellant à plusieurs reprises par ce mot charmant : « lallalkou », c’est-à-dire « mon chéri, mon mignon », et avec raison les deux voyageurs ne crurent pas que ces femmes les voulussent, pour un instant, conduire au paradis des houris[1].

L’aventure du général Ferrier est plus vivement accentuée encore.

Le 12 juillet 1845, le général Ferrier, porteur d’une lettre de khan de Sirpool qui le recommande à Timour-beg, gouverneur de la contrée, arrivait à Div-Hissar. Par son interprète, il envoie au gouverneur la lettre du khan de Sirpool et il attend la réponse.

Je laisse maintenant parler le général Ferrier. Je traduis sa relation.

« Roustan remit à Timour-beg la lettre du khan de Sirpool.

  1. Henry Pottinger, Voyage dans le Béloutchistan et le Sindhy, 2 vol. in-8o, Paris, 1878. t. Ier, chap. v.