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le monde officiel et dans les familles, bayadères ou almées, les danseuses sont dans tout l’Orient une classe de femmes aux mœurs légères et faciles, et pour cela notées d’infamie et excommuniées de toute honnête société[1].

CONCLUSION.

J’en ai fini. Parcourant le programme que m’avait tracé la communication de M. de Ujfalvy, j’ai pu constater :

1o Que l’incident d’immersion de la dame tibétaine, dont il nous a parlé comme d’une circonstance purement plaisante, renferme au contraire un enseignement ethnique de quelque importance ;

2o Que les Dardis dont a parlé M. de Ujfalvy après Klaproth, après le docteur Leitner, sont, contrairement à ce qu’il a cru, d’origine mongole, comme les Daldis du colonel Prjévalski, qui les a vus dans la province mongole de Kan-sou pour ainsi dire sur leur berceau ;

3o Que les Gètes et les Massagètes de l’antiquité historique étaient d’origine dite aujourd’hui mongole au même titre que les Darada des écrivains sanscrits, les Daradæ des classiques latins et les Daradai des auteurs grecs, ce qui explique la présence d’une colonie de Dardis sur un territoire anciennement occupé par les Massagètes ;

4o Que chez les Massagètes de l’antiquité historique les femmes ont pratiqué la polyandrie dans des conditions spécifiées ;

5o Que les races du Tibet sont mongoles ;

6o Que les raisons de politique religieuse qui ont maintenu la polyandrie au Tibet relèvent du lamaïsme bouddhique et que leur influence semble devoir persister longtemps encore ;

7o Que le stigmate que portent au vertex les Tibétains des deux sexes a une signification de consécration religieuse dont j’ai spécifié l’origine ;

  1. Chardin, Voyage en Perse, Amsterdam, 1785, t. Ier, p. 224 et suiv.