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que je me défende, relève de détails qui ne m’ont point occupé.

C’est à peine, en effet, si, au cours de ma communication du 6 du mois d’avril dernier, j’ai fait allusion, sans d’ailleurs rien discuter à ce sujet, à l’itinéraire de migration des tribus de nomades dont j’ai parlé.

Notre collègue cependant me reproche, à titre d’erreur géographique, de n’avoir tenu compte, ni des distances, ni des obstacles naturels, pour amener les Gètes et les Massagètes dans les positions où je signale leur présence.

Un tel reproche m’a surpris, et pourtant, si j’avais eu quelque lueur d’intelligence, j’aurais dû deviner ce reproche, car notre savant collègue lui-même m’y avait pour ainsi dire préparé.

M. Girard de Rialle a écrit un livre sérieux, un Mémoire sur l’Asie centrale, où il a fait preuve de savoir et aussi de savoir-faire. C’est dans ce livre que, pour la première fois, j’ai rencontré l’argument de la distance et des obstacles[1], et puisqu’il avait versé une première fois dans cette ornière, notre collègue devait y verser encore. J’aurais dû le comprendre. Chacun de nous a ses marottes qu’il caresse, ses faiblesses qu’il subit. Je ne sais pas et ne veux pas savoir quelles sont les marottes que caresse M. Girard de Rialle, mais je crois pouvoir affirmer qu’au nombre de ses faiblesses, s’il en a plusieurs, il souffre de celle qui se traduit par l’horreur des voyages de long cours et des difficultés de route. Il n’est pas possible d’expliquer autrement cet argument chronique de la distance et des obstacles chez un homme de science qui n’ignore pas, qui ne peut pas ignorer, car il a cent fois occasion de le lire, de se le dire et de le dire, que les Aryas du Pamir ou du Caucase — je fais intervenir ici le Caucase pour ne pas m’attirer une affaire avec Mme Royer —

  1. Girard de Rialle, Mémoire sur l’Asie centrale. 2e édit., p. 37.