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que les Aryas du Pamir ont, depuis cinq ou six mille ans, couru tous les chemins bons ou mauvais du monde occidental et du monde oriental ; que les Huns, partis de l’Altaï, sont depuis 800 ou 900 ans en Hongrie ; qui sait que les Tou-kioue, les Turcs, partis aussi du voisinage de l’Altaï, tiennent depuis cinq siècles Constantinople et se sont avancés jusqu’à Vienne ; qui sait que les Berbères, Asiatiques d’origine, occupent depuis tantôt 4 000 ans le nord-ouest de l’Afrique.

Nous avons nos Flatters et nos Grevaux ! mais nos devanciers de tous les temps et de toutes les races ont eu aussi leurs martyrs. Et, tenez, je relève dans les Annales des Huns une histoire toute faite, au début comme à la fin, de péripéties sinistres. Elle nous apprend que l’on avait, au temps passé, pour avancer dans la possession du monde, d’aussi pénibles difficultés à vaincre que nous en avons de nos jours.

La légende que je vais rapporter est d’ailleurs assez transparente pour nous instruire et nous encourager, s’il en était besoin. Le récit en est bien un peu long, mais je n’en veux rien retrancher et je copie de Guignes :

« Je ne crois pas devoir négliger ici, dit-il, ce que les historiens du pays rapportent sur l’origine des Turcs, ou plutôt sur le rétablissement de cette nation. J’ai remarqué que les deux empires des Mogols et des Tartares, dont parlent les historiens persans, étoient, suivant toutes les apparences, les deux empires des Huns du Nord et des Huns du Midi, si connus dans l’histoire chinoise. Après la destruction de celui des Mogols ou des Huns, du Nord, Kaïan et Nagos, le premier fils et le second neveu du dernier empereur, avoient échappé au massacre général que les Tartares avoient fait de la nation mogole, et quoiqu’ils eussent été faits prisonniers, tous les deux, à peu près du même âge, s’étoient mariés dans la même année, avoient ensuite trouvé le moyen avec leurs femmes de se sauver et de retourner dans leur pays, d’où, après s’être emparés des chevaux, des chameaux et de tous