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C’est pourquoi, n’ayant pas, à mon avis, à me préoccuper des distances à parcourir et des obstacles à vaincre, j’avais cru devoir n’en pas parler.

Pouvais-je d’ailleurs sérieusement occuper notre Compagnie de pareilles questions ? Tous tant que nous sommes ici, ne savons-nous pas que les Aryas sont aujourd’hui les maîtres du monde ! De leurs bras séculaires, ils enceignent la terre entière ! Ils sont la plus grande somme des populations de l’Europe, Depuis plus de 400 ans ils sont en Amérique ; ils sont en Australie ; ils sont à Sumatra ; ils sont aux Philippines ; ils sont en Cochinchine ; ils sont plus que jamais dans l’Inde et les voilà enfin chez les tribus sous-équatoriales, au cœur de cette Afrique, que nos devanciers de deux mille ans avaient déclarée inhabitée et inhabitable.

Oh ! nous le savons bien ! cette prise de possession du monde est l’œuvre patiente et souvent tragique de bien des siècles de générations ! mais ce n’est pas une raison pour en ignorer ou en nier la conquête.

Mais maintenant parlons du Tibet.

VIII

Sur l’ethnique des Tibétains, l’opinion de M. Girard de Rialle n’est pas faite, ou plutôt il n’a pas d’opinion sur la question. Elle s’offre à lui tout à la fois négative et affirmative. Notre collègue dit en effet : « Je ne sais pas ce que sont les Tibétains, mais j’affirme qu’ils ne sont pas Mongols. »

C’est là ce que, dans le monde de la science, on appelle parler pour ne rien dire. J’aurais compris que M. Girard de Rialle nous eût dit : « Je crois que les Tibétains ne sont pas Mongols, et voici les raisons qui, dans mon estime, s’opposent à ce qu’ils soient

    familles lorsqu’ils arrivèrent (à Ily) ; et ces cinquante mille familles, pour me servir des termes du pays, comptoient, sans erreur sensible, le nombre de trois cent mille bouches. » (Mémoires concernant les Chinois, t. I, p. 401 et suiv.)