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Page:Ollivier-Beauregard - Kachmir et Tibet.djvu/83

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nous ferons quelques observations sur la langue tibétaine ; cela, pour répondre, comme je l’ai promis, aux objections que M. Girard de Rialle a présentées sous la même rubrique.

Il va de soi que Maçoudi, qui, pour satisfaire ses scrupules de mahométan, a fait venir de l’Arabie les Hémyarytes au Tibet, donne l’idiome hémyaryte pour première langue aux Tibétains ; mais, cette obligation de conscience une fois remplie, il a soin de faire savoir que la langue hémyaryte a été altérée complètement par l’immigration des tribus turques (mongoles)[1] et c’est là un aveu bon à retenir.

Au surplus, voici, pour trancher cette question de la valeur ethnologique de la langue tibétaine, l’appréciation d’un maître dont personne ici ne contestera la souveraine compétence.

M. Ph.-Éd. Foucaux est professeur de langue tibétaine à l’École des langues orientales. Il a écrit et publié une grammaire pour l’étude de la langue tibétaine, et il en a fait précéder l’exposition d’une introduction où il affirme, avec toutes les précautions en usage chez les savants, l’affinité de la langue tibétaine avec la langue chinoise, affinité qui indique, sinon une complète communauté d’origine, au moins une origine collatérale et voisine.

« Ce n’est donc pas, dit M. Foucaux[2], après avoir passé en revue les dialectes du Tibet, ce n’est pas dans les dialectes de la famille sanscrite qu’il faut aller chercher les affinités du tibétain, mais dans le chinois, le birman et l’annamite, affinités qui s’expliquent d’ailleurs naturellement par le cours des fleuves qui descendent des montagnes du Tibet, pour arroser les contrées habitées par les peuples que je viens de nommer. »

M. Foucaux constate encore que la langue tibétaine est monosyllabique comme la langue chinoise[3] ; que beaucoup

  1. Langlès et Reinaud, ouvrage déjà cité, t. I, p. cxlv.
  2. Ph.-Éd. Foucaux, Grammaire de la langue tibétaine, Introduction, p. 19.
  3. Ph.-Éd. Foucaux, Grammaire de la langue tibétaine, Introduction, p. 15.