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que ces 35 à 40 000 hommes eussent coûté en France à entretenir, soit à peu près la moitié[1]. Voilà comment le Mexique a dévoré tout notre sang, tout notre or, toute notre force !

Certainement, au cas d’une nouvelle guerre, le Mexique républicain, le Tonkin, nous créerait des périls bien plus redoutables que ceux auxquels ne nous a pas exposés le Mexique impérial, si âprement attaqué par ceux qui devaient depuis l’imiter. Cette expédition malheureuse a nui au crédit personnel et à l’infaillibilité césarienne de Napoléon III mais si dans l’histoire du second Empire elle reste un incident peu glorieux, elle n’a pas exercé une influence désastreuse plus décisive que n’ont eu d’action salutaire les expéditions de Chine, de Cochinchine, de Syrie.

1866 et 1867, telle est la véritable date fatidique du second Empire. C’est dans ces années, à marquer éternellement de noir. qui ont vu le principe des nationalités abandonné et celui de la conquête ressuscité au profit de la Prusse, c’est dans ces années d’aveuglement, où une

  1. Mémoires du maréchal Randon, tome II, p. 75 « Au 31 décembre 1862, le corps expéditionnaire du Mexique comptait 28 000 hommes, 5 843 chevaux, 549 mulets, 8 pièces de douze de siège, 6 pièces de douze de réserve, 24 pièces de quatre de campagne, 12 pièces de montagne. Cet effectif ne fut dépassé dans la suite que de quelques milliers d’hommes, et le matériel ne s’augmenta pas. » Voir aussi pages 169 et 228. Dans un autre état officiel que j’ai sous les yeux, le nombre des canons de montagne est de 16 au lieu de 12 et il y a en outre 2 mortiers mexicains ; ce qui donne un total de 56 pièces.