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« La femme, dit-il, pour être plus femme chez Mme de Staël, était chrétienne, protestante de naissance, elle était catholique de cœur, d’âme et d’imagination, elle a senti monter en elle les flammes d’or du sentiment religieux. »

Elle était catholique ! toute la question est là. Soyez catholique et vous aurez du génie, fussiez-vous même une faible femme ! Lorsqu’il parle de Mme Sand, M. d’Aurévilly nous dit : « Nous sommes en pleine décadence ; ce qui le prouve, c’est qu’il y a des hommes assez lâches pour reconnaître du génie à Mme Sand, comme si une femme pouvait avoir du génie ! du talent peut-être, et encore ! »

Eh bien, dès qu’il s’agit de la catholique Mme de Staël, le même critique nous certifie que c’était un « génie femme », et il ajoute : « elle a la force irrésistible de l’émotion, et l’expression sans laquelle il n’y a point de grands artistes, elle a l’aperçu ingénieux et profond qui tient à cette finesse dont on peut dire : ton nom est femme. »

Prenons bonne note de cet aveu ; il y a donc un génie féminin, puisque M. d’Aurévilly l’affirme et en détaille les facultés. Quel est donc le critérium qu’il applique à ces deux femmes également grandes pour les gens impartiaux. Je n’hésite pas à le dire, c’est ce sentiment des temps anciens qu’on appelle l’intolérance. Cela me fait penser à l’histoire de Galilée en présence de ses juges : La terre tourne, disait-il ; non, répondaient les critiques d’alors, c’est le soleil qui tourne, la terre est immobile. Mais… objectait Galilée… Taisez-vous, disaient les prélats, votre