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qui a, en général, un résultat moralisateur, pourrait-elle être dangereuse pour nous ?

D’autres disent :

La femme n’ayant pour mission que de mettre des citoyens au monde n’a pas besoin d’être instruite.

Ces gens-là se trompent, car, à côté de la mission de procréation, la femme a une mission encore plus élevée, plus noble et pour le moins aussi utile que la première, c’est celle d’éveiller l’âme de son enfant, de lui inculquer les grands principes de la morale et de l’honneur, d’étouffer les mauvais germes qu’elle aperçoit en lui, d’en faire enfin un homme de bien et un homme d’honneur.

Cette mission demande autant d’intelligence que de tact et de sagacité ; elle exige, pour être bien remplie, une profonde connaissance du monde, de ses lois morales, comme aussi de ses lois de convention.

Puisque c’est à la femme que cette mission délicate est confiée, n’est-il pas indispensable d’élever son niveau intellectuel ?

Quelqu’un a dit, un jour, cédant sans doute au désir de faire une phrase que « la carrière littéraire est incompatible avec les devoirs d’épouse et de mère. »

Depuis lors, on a répété cette phrase avec toutes sortes de variantes.

Et pourtant rien n’est plus faux que cette assertion. La carrière littéraire est non-seulement compatible, elle est même sympathique à la mission de la vraie femme.