Page:Olympe Audouard Conference M Barbey-d'Aurévilly 1870.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 32 —

même sur les hommes, l’étude et l’occupation exercent une influence salutaire : les grands artistes, les écrivains éminents sont plus forts que les désœuvrés contre les emportements de la passion, et, dans tous les cas, moins exposés aux faiblesses du cœur.

Le mariage n’est souvent, pour la femme, qu’une cruelle déception. Le mari ne ressemble guère au fiancé. L’un était séduisant, sentimental, l’autre devient acariâtre et ennuyeux.

Que voulez-vous que fassent les désillusionnées de l’amour, si vous leur ôtez tout ce qui peut les consoler honnêtement ?

Dans l’état actuel de la société, la femme ne peut avoir aucune ambition personnelle ; son travail, ses études sont sans but, elle ne peut prétendre à rien. C’est donc un travail aride, stérile, que rien n’aiguillonne.

Les hommes ont l’Académie, l’Institut, les croix, les pensions, sans parler de la gloire qu’ils peuvent acquérir dans toutes les carrières qui leur sont ouvertes.

Notre grande artiste Rosa Bonheur a été décorée, il est vrai, mais il a fallu l’influence d’une femme pour faire pardonner cette exception.

Que de gens j’ai entendus, n’ayant rien fait pour mériter la croix, et la portant cependant à leur boutonnière, qui n’en revenaient pas de ce qu’on ait osé décorer une femme… Mais, leur disais-je, Rosa Bonheur n’est-elle