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Pauvres bas-bleus, tremblez ; si jamais un pape infaillible nous ramenait à la sainte inquisition, vous pouvez être sûres que M. Barbey-d’Aurévilly en sera, et qu’il ne manquera pas de faire brûler sur un bûcher toutes les femmes qui auront commis le crime irrémissible d’avoir trempé leurs doigts roses dans de l’encre !

Les livres de M. Barbey exhalent un petit parfum de soufre qui pénètre et étonne dans ce siècle d’indifférence en tout, et surtout en matières religieuses.

Son prêtre marié en est la plus naïve expression.

Il a écrit quelque part : « Chrétien jusqu’en 1861, depuis je suis catholique, fervent catholique, par la grâce de Dieu. » Oui, en effet, vous êtes bien plus catho­lique que chrétien, car il vous manque complétement cette charité évangélique, que notre Maître à tous a en­seignée et pratiquée à la fois.

J’admets, cependant, la dévotion de M. Barbey-d’Auré­villy : un aussi fervent champion de l’autel et du droit divin doit être dévôt, car que serait-il sans cela ? Mais alors, comment concilier cette piété, cette dévotion, avec les dévergondages d’une imagination qu’on croirait nourrie dans les bas fonds d’une société en décadence. Immoralité, fantaisies voluptueuses, amours insensées, matérialisme et trivialité, rien n’y manque, c’est shoking pour ceux qui ne connaissent pas M. Barbey-d’Auré­villy et inexplicable pour ceux qui le connaissent !

On dirait qu’il y a un combat intérieur, une lutte incessante entre cette âme appartenant à Dieu, et cette folle du logis qui n’accepte aucun frein.