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d’en tirer les effets qu’on pouvait espérer si elle avait été réellement la Malibran ou la Pasta de la Canaille ! Ignoble ! On la disait ignoble autour de moi, mais moi je n’avais pas ce bégueulisme de la trouver ignoble dans son énergie, qui n’est celle ni de Jeanne-d’Arc, ni de Roland, et même je l’aurais voulue plus ignoble, mais d’une ignobilité qui aurait eu son grandiose d’abjection et son idéalité renversée. J’aurais voulu qu’elle eût montré dans son jeu, comme dans sa voix, l’orgueil ivre et retourné de la Bassesse, mise debout, le faste superbe de la fange quand on s’y roule et quand on s’en fait un manteau ! J’aurais voulu enfin qu’elle eût exprimé le type complet de la Truandaille moderne qui sera le communisme de demain, et au lieu de cela, cette chanteuse de café n’a été qu’une faubourienne, convulsée par l’absinthe. Elle pue le faubourg de Paris, qui n’est en somme qu’une canaille très-spéciale dans la grande canaille de l’humanité. »

Je n’ai pas entendu cette dame ainsi maltraitée, mais la politique est au fond de cet article.

En fait de sentiments religieux, M. Barbey-d’Aurévilly se vante d’être de la religion de l’intolérance. Dans ses Prophètes du passé, voilà ce qu’il dit en toutes lettres :

« Si, au lieu de brûler les écrits de Luther, dont les cendres retombent comme une semence, on avait brûlé Luther lui-même, le monde était sauvé pour un siècle au moins. » Ailleurs, il ajoute : « Nos pères ont été sages d’égorger les Huguenots, mais ils ont été bien imprudents de ne pas brûler Luther. »