Page:Omar Kháyyâm - Rubaiyât, 1910, trad. Marthold.djvu/24

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9

Ce vase, ainsi que moi, fut jadis un amant
Penché vers quelque cher visage éperdument,
Et l’anse que tu vois au col de cette jarre
Fut un bras qui jadis ceignait un cou charmant.

10

Ah ! malheur à ce cœur d’où l’amour est absent,
Qui n’est pas sous son charme et qui ne le ressent !
Jour passé sans amour mérite, jour sans joie,
Que lune ni soleil lui soit compatissant.

11

Aujourd’hui refleurit l’élan de ma jeunesse,
J’ai désir de ce vin d’où me vient toute ivresse,
Et ne me blâme pas si, même âpre, il me plaît,
Très âpre, car il a le goût de ma détresse.