Page:Omar Khayyám - Rubba'Hyyat, Charles Grolleau.djvu/166

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« Mais une voix descend qui me dit : Rassure-toi, derviche. Tu as agi selon ta nature et j’agirai selon la mienne », 11 ajoute :

Pour sentir tout ce qu’il y a de chrétien dans Abou-Saïd, il faut reprendre ces vers et voir ce qu’ils deviennent chez son grand disciple, l’algébriste de Nichapour.

Un soir qu’Omar Khayyam s’entretenait avec ses amis, au clair de lune, sur la terrasse, la coupe en main et dans les chansons, un coup de vent éteignit les lampes et renversa la cruche qui se brisa. Le poète irrité lança ce quatrain au Dieu qui troublait ses plaisirs :

« Tu as brisé ma cruche de vin, Seigneur :

« Tu as fermé sur moi la porte du plaisir, Seigneur.

« Tu as versé à terre mon vin pur.

« (Dieu m’ étrangle !) - mais serais-tu ivre par hasard, Seigneur ! »

A peine le blasphème lancé, le poète, jetant les yeux sur la glace, vit sa face noire comme du charbon, il s’écria :

« Quel est l’homme ici-bas qui n’a point péché, dis ?

« Celui qui n’aurait point péché, comment aurait-il vécu, dis ?

« Si parce que je fais le mal, tu me punis par le mal,

« Quelle différence y a-t -il entre toi et moi, dis ?» Pour clore ces citations, nous croyons utile d ’insérer ici la très juste el très claire défini/ion que l’auteur donne du rubâi.

Un mot sur la forme du quatrain persan. Le quatrain ou rubâi se compose de quatre vers dont le premier, le second et le quatrième riment ensemble ; le troisième est blanc.