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pour nourrir les habitants : car on présume avec raison qu’elles excèdent, année commune, d’environ neuf millions de septiers.

Ainsi quand on supposerait à l’avenir un surcroît d’habitants fort considérable, il y aurait encore plus de 26 millions de septiers à vendre à l’étranger.

Mais il n’est pas vraisemblable qu’on pût en vendre à bon prix une si grande quantité. Les Anglais n’en exportent pas plus d’un million chaque année ; la Barbarie n’en exporte pas un million de septiers. Leurs colonies, surtout la Pensylvanie qui est extrêmement fertile, en exportent à peu près autant. Il en sort aussi de la Pologne environ huit cent mille tonneaux, ou sept millions de septiers, ce qui fournit les nations qui en achètent. Elles ne le payent pas même fort chèrement, à en juger par le prix que les Anglais le vendent ; mais on peut toujours conclure de là que nous ne pourrions pas leur vendre vingt-six millions de septiers de blé, du moins à un prix qui pût dédommager le laboureur de ses frais.

Il faut donc envisager par d’autres côtés les produits de l’agriculture, portée au degré le plus avantageux.

Les profits sur les bestiaux en forment la partie la plus considérable. La culture du blé exige beaucoup de dépenses. La vente de ce grain est fort inégale ; si le laboureur est forcé de le vendre à bas prix ou de le garder, il ne peut se soutenir que par les profits qu’il fait sur les bestiaux. Mais la culture des grains n’en est pas moins le fondement et l’essence de son état : ce n’est que par elle qu’il peut nourrir beaucoup de bestiaux ; car il ne suffit pas pour les bestiaux d’avoir des pâturages pendant l’été, il leur faut des fourrages pendant l’hiver et il faut aussi des grains à la plupart pour leur nourriture. Ce sont les riches moissons qui les procurent : c’est donc sous ces deux points de vue qu’on doit envisager la régie de l’agriculture.

Dans un royaume comme la France dont le territoire est si étendu et qui produirait beaucoup plus de blé que l’on n’en pourrait vendre, on ne doit s’attacher qu’à la culture des bonnes terres pour la production du blé ; les terres fort médiocres qu’on cultive pour le blé ne dédommagent pas suffisamment des frais de cette culture. Nous ne parlons pas ici des améliorations de ces terres ; il s’en faut beaucoup qu’on puisse en faire les frais en France où l’on ne peut pas même, à beaucoup près, subvenir aux dépenses de la simple agriculture. Mais ces mêmes terres peuvent être plus profitables si on les fait valoir par la culture de menus grains.