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roi, employé, dans ce temps, aux travaux publics de la reconstruction d’une partie du vieux pont, nommé pont Fayol, lequel a été depuis remplacé par le magnifique pont qui a été construit sous les ordres de M. Perronnet, de cette Académie. Il s’était fait aussi un nom dans la pratique des accouchements, et il était habituellement désiré et reçu avec distinction chez tous les seigneurs voisins ; ce fut là que feu M. le maréchal de Noailles[1] eut occasion de le connaître, et, ce qui en était une suite presque nécessaire, de l’estimer et de l’aimer ; le témoignage avantageux que ce seigneur rendit de lui à la feue reine détermina cette princesse à ne point faire venir ses médecins, dans le séjour qu’elle fit à Maintenon, en allant à Chartres, et en revenant de cette ville, après la naissance de feu Mgr le Dauphin[2] : elle osa confier le soin de sa santé à ce même chirurgien que ceux de Mantes avaient refusé peu d’années auparavant d’admettre parmi eux, et sa confiance ne fut point trompée.

Jusqu’ici nous n’avons vu M. Quesnay lutter que contre la fortune et contre des concurrents peu dignes de lui : nous allons bientôt le voir, sur un plus grand théâtre, aux prises avec un adversaire redoutable, et remporter sur lui la victoire la plus complète.

Le célèbre M. Silva publia en 1727 un livre sur la saignée, ce livre fut reçu avec tout l’applaudissement dû à la réputation de l’auteur ; M. Quesnay osa y remarquer des fautes, et en fit une critique, fondée sur les lois de l’hydrostatique ; plusieurs de ses amis, auxquels il confia le projet qu’il avait formé de la publier, et entr’autres le célèbre P. Bougeant, firent leur possible pour l’en détourner : ce dernier-ci nommément, ami de l’un et de l’autre, représentait à M. Quesnay avec combien de désavantage un simple chirurgien de province allait lutter contre un des coryphées de la médecine de Paris, reconnu presque unanimement pour législateur en cette partie. M. Quesnay ne répondit à cet imposant tableau qu’en priant le P. Bougeant de vouloir bien lire son manuscrit : il le lut et bientôt il ne craignit plus pour M. Quesnay : mais effrayé de l’orage qui menaçait le livre de M. Silva, il vint à Paris, lui présenta le manuscrit et tenta de l’engager à voir

  1. Adrien-Maurice duc de Noailles, maréchal depuis 1704 et, pendant la régence, longtemps à la tête des finances de l’État avec le duc de Villeroi. † 1766. Quesnay lui a dédié plusieurs de ses ouvrages, ainsi qu’à son fils Louis de Noailles, qui fut également plus tard maréchal. A. O.
  2. 1729. A. O.