Page:Oncken - Œuvres économiques et philosophiques de F. Quesnay.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Quesnay, et à s’arranger avec lui pour que sa critique ne fût pas publiée.

M. Silva, comptant peut-être un peu trop sur la supériorité de ses lumières, se contenta de rendre le manuscrit avec une espèce de dédain ; cependant à peine le P. Bougeant fut-il parti qu’il voulut renouer la négociation, mais il n’était plus temps, le manuscrit avait été remis à M. Quesnay ; cependant M. Silva trouva moyen d’engager M. le maréchal de Noailles à faire trouver chez lui les deux contendants en présence de plusieurs personnes en état de connaître de ce différend. M. Silva, toujours guindé sur sa réputation et sur sa prétendue supériorité, crut en imposer à M. Quesnay par un ton magistral et une espèce de persiflage ironique ; mais le chirurgien de Mantes ne se payait pas de pensées brillantes, il réunit bientôt en sa faveur les suffrages de tous les assistants, et il fallut laisser à M. Quesnay la liberté de publier son ouvrage. Nous passerons ici sous silence le retardement qu’y apporta le censeur royal, ami de W. Silva, qui retint le manuscrit près d’un an ; mais enfin M. Quesnay obtint des ordres exprès de M. le chancelier d’Aguesseau, le manuscrit fut enfin retrouvé, approuvé et imprimé[1].

M. Silva, irrité de cette publication qu’il regardait comme une espèce d’attentat, voulut accabler son adversaire d’une réponse foudroyante ; il rassembla, dans cette vue, plusieurs fois chez lui les plus fameux géomètres de cette Académie qui l’avaient aidé dans les calculs sur lesquels était fondé son premier ouvrage ; mais après avoir bien lu et examiné la critique de M. Quesnay, il fut décidé qu’elle resterait sans réponse ; apparemment M. Silva adopta de bonne foi cette décision, car à sa mort arrivée bien des années après cet événement, on ne trouva dans ses papiers aucun vestige de réponse projetée. Ce fut à peu près vers ce même temps qu’il fut admis dans la société des arts, qui subsistait alors à Paris avec la permission du roi et sous la protection de feu Mgr le comte de Clermont, prince du sang.

Nous avons dit dans l'éloge de M. de la Peyronie (V. Hist. de

  1. Sous le titre : „Observations sur les effets de la saignée, par François Quesnay, maître ès arts, membre de la société des arts, et chirurgien de Mantes, reçu à Saint-Côme, Paris 1730.“ Ce premier écrit de Quesnay est dédié : à M. d’Abos, chevalier, seigneur de Binanville, Arnauville, Boinville, Breuil et autres lieux, conseiller au parlement de Paris. A. O.