Page:Oncken - Œuvres économiques et philosophiques de F. Quesnay.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

emploie l’autre à renouveller le fonds de ses ouvrages de ses ateliers. Car les magasins et les manufactures ne sauraient s’élever ou crouleroient sous eux-mêmes par le défaut de marchandises que les différentes ventes enleveroient, si la classe stérile ne rachetoit à mesure de nouvelles matieres premieres pour perpétuer ses travaux.

C’est par l’argent monnoyé, que s’opere la plus grande partie de la distribution et de la consommation des productions formant les récoltes annuelles. Il circule entre les trois classes ; le cultivateur donne le premier mouvement à cette circulation ; il paie au propriétaire le produit net, et achete à la classe stérile des marchandises ouvrées. La seconde circulation est celle qui est produite par le propriétaire qui achete avec son produit net des subsistances, des ouvrages et des travaux. La classe stérile opere la troisieme en achetant à son tour des subsistances et des matieres premieres. De ces trois distributions, il en est deux qui sont incomplettes, et ne passent pas successivement dans les trois classes. La premiere est la partie que le cultivateur donne à la classe stérile pour la payer des ouvrages qu’elle lui a faits ; la seconde en celle que le propriétaire donne ast [sic] cultivateur pour le prix de ses subsistances. Mais il est aussi une partie circulante dans les trois classes, c’est celle qui est employée à l’achat des matieres façonnées : elle passe des mains du propriétaire dans celles de la classe stérile, pour remonter ensuite à sa source, je veux dire à la classe productive qui fournit la subsistance et les matieres premieres, nécessaires aux travaux de l’art.

Pour faire mieux comprendre cette distribution des productions et des richesses, ses effets et ses conséquences, Quesnay a imaginé de la pein-[150]dre en établissant sur trois colonnes, les trois classes, et marquant par des lignes ponctuées qui se croisent, les différents articles de dépenses, ou d’achats et de vente qu’elles font les unes avec les autres.

C’est ce qu’on a nommé le Tableau Economique, formule précieuse qui abrége beaucoup le travail des calculateurs politiques déja instruits et éclairés ; mais qui n’a rien de plaisant et qui ne permet de trouver ridicule que la manie de ceux qui ont mieux aimé en faire un objet de raillerie, que de se donner la peine de l’étudier. Cette manie de persifler des objets d’une si haute importance au lieu d’y refléchir, paroît annoncer trop de petitesse dans les Ecrivains politiques qui se la sont permise. Il me semble que ce n’est