Page:Oncken - Œuvres économiques et philosophiques de F. Quesnay.djvu/97

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point ainsi que les Géometres traitent entr’eux les théories profondes par lesqu’elles [sic] ils abrègent dans leurs savantes recherches, les efforts de l’esprit humain.

On peut consulter dans la Physiocratie ce Tableau Economique, réduit par son auteur même à la plus grande simplicité. On y verra qu’il peut avoir des données très diverses, et présenter aussi des résultats très différents. Une société peut être dans un état de stabilité, de prospérité croissante, ou de décadence : les tableaux qui la peignent dans les différents états ne sont pas les mêmes ; car alors ils ne la peindroient plus. Il faut recueillir les données d’après lesquelles on veut faire le tableau d’un Etat. Si elles sont fausses, le tableau donnera un résultat trompeur. Et ainsi sont toutes les regles d’arithmétique quand on les emploie sur des données inexactes.

Mais toujours est-il qu’avec un certain nombre de faits assurés, et le secours du Tableau économique, on peut calculer très promptement l’état d’une Nation.

Par exemple, la récolte totale, la somme du produit net, et l’ordre habituel des dépenses étant donné, on saura parfaitement quelle est la population dans chacune des trois classes, et leur aisance respective.

Si, au contraire, c’est la population qui est donnée avec l’ordre des dépenses et la somme du produit net, on saura quelle est la récolte totale, à quoi se montent les reprises du cultivateur, et quel est le partage de la population entre les diverses classes.

Si ce sont les reprises du cultivateur, l’ordre des dépenses et la population qui sont donnés, on saura quel est le produit net, et encore comment la population se partage entre les différents genres de travaux stériles ou productifs.

L’ordre des dépenses, la population et le genre de culture donnés, on saura quelle est la reproduction totale, quelles sont les reprises du cultivateur, et quel est le produit net.

Il faudroit avoir un bien merveilleux talent pour persuader à ceux qui voudront y refléchir un instant, que tout cela n’est que minutieux et méprisable, et que l’humanité n’a pas les plus grandes obligations au sublime génie qui a fait ces découvertes. Pour nous, nous bénirons cet homme respectable et bienfaisant, qui nous a montré, par un calcul simple, tous les hommes à leurs places, se tenant par la main, convaincus du besoin qu’ils ont les uns des autres, liés par leurs intérêts qui se touchent et se confondent.