Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/15

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Milan, 12 novembre. 1829.

Il y a deux parties dans votre lettre du 17 août, cher ami : l’une, à laquelle j’aurais dû répondre plus tôt ; l’autre, à laquelle, avec un peu plus de judiciaire, je ne devrais répondre jamais, ou ne répondre autre chose, si non que je ne sais pas répondre. Vous savez, cher homme, ce que vous m’avez demandé : un jugement de votre jugement d’une fière époque de la philosophie, dans ses rapports avec la philosophie toute entière. Je ne vous dis pas que cela soit trop, que vous ayez donné au sujet une étendue arbitraire, messa troppa carne a fuoco, comme nous disons ; je ne vous dis pas non plus qu’il ne soit pas bon d’avoir l’avis des gens : mais encore faut-il voir à qui l’on s’adresse. Or vous savez bien aussi à qui vous vous êtes adressé cette fois : vous savez que je suis un élève de rhétorique qui ai écouté, quelque fois et en passant, à la porte de la salle de philosophie, vous savez que, je ne dis pas pour répondre d’une manière satisfaisante à la question que vous me faites, mais pour en parler un peu pertinemment, il me faudrait quelques mois d’étude spéciale de votre Cours, précédés de quelques années d’étude de la bagatelle que vous y passez en revue. Est-ce à dire toutefois que je n’aie rien à dire sur ce que j’ai eu le bonheur de lire jusqu’à présent de votre Cours ? Ah qu’il s’en faut, mon ami ! Je ne me souviens guères d’avoir lu de livre qui m’ait fait penser