Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

autant de commentaires dans ma tête, sur lequel j’aie autant jasé toutes les fois que l’occasion s’en présentait, et sur lequel je sois aussi prêt à jaser chaque fois que l’occasion s’en présente. Mais de tirer de tout ce fatras une réponse à la diablesse de question que vous faites, je vous en défierai, quand même je pourrais vous le présenter tout ensemble. Ainsi je ne puis pas vous donner ce que vous me demandez : si vous êtes assez bon pour vouloir quelque chose de ce que je puis vous donner, je serai assez hardi ou assez nigaud pour vous en donner. Je dis quelque chose, car si j’allais essayer de vous donner le tout, vous crieriez bientôt parce, precor, precor ; vous qui demandez un volume. Je vous présenterai quelques échantillons détachés, déchirés même des idées que vos leçons ont fait naître en moi, je les choisirai au hasard, prenant de préférence ce qui me paraîtra avoir l’air de vouloir bien se laisser écrire, ce qui m’offrira un petit bout saisissable.

Mais avant tout, car je ne sais où ceci va m’entraîner, deux mots sur la partie de votre lettre à laquelle il m’est bien facile de répondre. Je vous remercie de la visite aussi agréable qu’honorable que vous m’avez procurée. J’ai reçu M. Saint-Marc Girardin comme un inconnu ; et c’est vous qui en avez été la cause en n’écrivant qu’une partie de son nom, que j’ai depuis retrouvé tout entier dans la Gazette de Milan à la rubrique des arrivées et des départs. Mais si, à cause de ce quiproquo, je n’ai pu lui témoigner une ancienne estime, il aura vu, j’espère, celle qu’il m’inspirait. Veuillez, je vous prie, lui dire un mot du souvenir plein de regret que m’a laissé cette apparition si courte qu’il a fait chez moi, avec son aimable compagnon de voyage.

Maintenant, avant d’entrer dans la terrible matière, il faut que je fasse mes conditions : ou plutôt vous les connaissez déjà ; car elles sont la conséquence