Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/34

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Là-dessus j’ai à vous dire d’abord qu’il me semble que la raison tirée de ce que vous appelez les caractères de la spontanéité et de la réflexion, l’impersonnalité et la personnalité, ne peut servir en aucune manière à établir ni les deux principes opposés que vous donnez à chacune d’elles, ni aucune des différences que vous prétendez établir entre elles.

J’admets, sans y regarder de plus près, qu’il est inique et absurde d’imposer aux autres ce qui est personnel. Quand j’aurai admis aussi que la réflexion est toute personnelle, cela ne me fait rien, ni à la question : car, quoi que je doive entendre ici par imposer, je vois toujours bien clairement que ce n’est pas la réflexion qu’il puisse jamais être question d’imposer. Ce n’est pas de l’opération elle-même, c’est du produit, des résultats de la réflexion qu’il s’agit.

Or, ces résultats sont-ils nécessairement personnels ? ne le sont-ils pas ? Voilà la question.

Car, s’ils ne le sont pas, votre raison tirée de la personnalité ne leur est pas applicable ; la différence sur laquelle vous aviez prétendu établir les deux principes de l’autorité et de l’indépendance, s’évanouit ; et ces deux principes ne sont plus que des conséquences de ce qui n’est pas.

Si, au contraire, les résultats de la réflexion sont nécessairement personnels, il s’ensuivra qu’il est inique et absurde de les imposer ; mais il s’ensuivra encore autre chose.

Il s’ensuivra tout simplement que l’on ne peut, par la réflexion, obtenir aucune vérité. Car rien n’est moins personnel que la vérité. « Qui a jamais dit : ma vérité ? votre vérité ? » (1828, leç. 6e, p. 18).

Et ce n’est pas ici un contraste symétrique de phrases choisies pour le produire, ce n’est pas une opposition verbale, extérieure, accidentelle : ce sont