Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/35

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deux parties de votre doctrine réellement opposées et dont l’opposition se manifeste davantage à mesure qu’on les retourne et qu’on les rapproche par plus de côtés.

Pourquoi, en effet, semble-t-il, selon vous, que l’on puisse se croire, jusqu’à un certain point, le droit d’imposer aux autres les vérités que la raison nous découvre dans l’intuition spontanée ?

Parce qu’elles ne viennent pas de nous, parce qu’elles ne sont pas notre ouvrage.

Or qu’est-ce que la réflexion cherche ? que prétend elle, en tout cas, avoir trouvé ? qu’entendrait-elle proposer, imposer, aux autres intelligences ? Quelque chose qui vînt d’elle, par hasard ? Eh mon Dieu non : elle ne crée rien : elle cherche tout bonnement ce qui est déjà dans l’intuition, quelque chose qui ne vient pas de nous, qui n’est pas notre ouvrage, des vérités, en un mot.

Peut-elle en venir à ses fins ? Lui est-il donné d’obtenir quelque chose de tel ? Il est ridicule de vous faire, une pareille question ; il est ridicule même de dire que votre réponse est dans le titre même de votre livre. Mais, je n’ai pas besoin de me prévaloir de cela ; le oui et le non me sont indifférens : ils me fournissent même les termes du dilemme, que je vous ai déjà opposé, et que je retrouve à tout bout de cette question. Ou la réflexion peut trouver ce qu’elle cherche, c’est-à-dire quelque chose qui ne vienne pas de nous, des vérités, et alors on doit pouvoir se croire, à l’égard de ce résultat, tout ce qu’on peut se croire à l’égard des vérités que la raison nous découvre dans l’intuition spontanée. Ou la réflexion, parce qu’elle est toute personnelle, ne peut rien obtenir d’impersonnel, c’est-à-dire, ne peut découvrir aucune vérité ; et alors, que devient le philosophie, qui est la réflexion ?

Mais je serai bien plus fort en vous faisant