Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

assignez (« je parle du principe de l’autorité, non dans les matières de la foi et dans le domaine de la théologie, où l’autorité a sa place légitime » ; 1829, p. 62), doit être reconnaissable, ne l’est point du tout. Pour réduire la question dans ces termes précis, il faut déclarer d’abord qu’il n’est question ici que d’une autorité qui s’exerce par l’homme sur l’homme. Mais quels sont les hommes qui possèdent l’autorité ? C’est ce que cherchent et déterminent ceux qui l’admettent, c’est ce que prétendent être une recherche absurde ceux qui la nient. Mais les uns et les autres s’accordent à entendre par autorité quelque chose qui rend croyable le témoignage de quelqu’un parce que c’est le sien. C’est là l’idée commune de l’autorité ; et par idée commune j’entends celle que tous, défendans et opposans, s’accordent à regarder comme le sujet de la question. Toutes les fois que l’on a entendu et que l’on entend dire : Dieu a parlé ; l’Eglise l’a défini ; le genre humain l’atteste ; ou bien : Aristote l’enseigne ; c’est un précepte d’Horace ; Pline le dit expressément ; ou bien encore : c’est moi qui vous le dis ; vous pouvez m’en croire : tout le monde s’est accordé et s’accorde à reconnaître dans un tel langage l’application du principe de l’autorité. C’est toujours, dans les plus grandes choses, comme dans les plus petites, dans l’application la plus logique, comme dans la plus inconséquente, dans la plus légitime, comme dans la plus arbitraire, la parole de quelqu’un donnée comme raison péremptoire, que l’on entend par autorité. Sitôt que celui qui avait cité cette parole, se prête, s’avoue obligé à démontrer, par toute autre raison et en oubliant l’auteur, qu’elle contient la vérité, il est censé avoir renoncé à l’autorité, pour entrer dans le raisonnement.

Ipse dixit : c’est-là le mot de l’autorité : que l’on ait expressément reconnu, que l’on soit prêt à reconnaître