Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/50

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pouviez au moins supposer et vous avez en effet explicitement supposé une certaine conscience, une vue intérieure de l’accomplissement de la condition qui constitue le droit : et, par conséquent, la raison de se croire le droit ; c’est dans cette intelligence même que l’acte s’est consommé ; elle était bien là ; il y a apparence au moins qu’elle puisse se témoigner à elle-même ce qui s’est passé en elle, et se rendre compte si c’est sans qu’elle l’ait voulu, que ces vérités lui ont été découvertes, et si par conséquent elle peut se croire le droit de les imposer aux autres.

Au lieu que, pour croire ce droit à un autre, il n’y a aucun motif possible, réel ni apparent, puisque ce droit dépend d’un fait intérieur, individuel qui ne pourrait être connu que par la conscience, et qu’on n’a de conscience que pour soi.

Mais il me semble aussi voir une nouvelle raison de ce que, même à cette intelligence, que vous supposez dans le cas d’exercer l’autorité, vous n’attribuez pas affirmativement la croyance absolue de la possession du droit qui constitue l’autorité : « il semble qu’on peut se croire jusqu’à un certain point le droit de les attribuer aux autres ». C’est que cette conscience, cette vue intérieure du fait dont découlerait le droit, c’est-à-dire de l’impersonnalité, cette conscience, on peut bien la supposer en passant et pour en tirer des demi-conséquences, mais il est impossible de l’établir ; c’est que cette conscience (indépendamment de ce qui résulterait sur elle de l’examen de la chose en elle-même) est dans votre système, dans l’état de choses que vous faites, chose impossible et contradictoire. Quand j’aurai prouvé cela, je pourrai en tirer la conséquence que, dans ce système, il est autant impossible de reconnaître l’autorité dans soi que dans autrui : et pour le prouver, je n’ai qu’à citer. Car, comment une intelligence où le moi n’est pas